Château de Monchaux-Soreng

Château de Monchaux-Soreng

De la réunion des deux anciennes paroisses de Monchaux et de Soreng, on a formé la commune de Monchaux-Soreng, qui dépend du canton de Blangy, arrondissement de Neufchâtel, département de la Seine-inférieure
Monchaux, dans les anciens titres, est quelquefois appelé Mont-chaux ou Mont-chauf, c’est-à-dire Mont-chauve, Mons calvus, ce qui prouverait que ce lieu, comme bien d’autres, est descendu de sa position primitive sur la colline, dans le fond de la vallée, sur les bords de la Bresle. Quoiqu’il en soit de ces différentes appellations, je crois que Monchaux n’est que la prononciation normande de Monceaux, Monticuli.

M. A. Guilmeth (1) pense que ce nom latin Monticuli dé-. signe l’existence de quelque tumulus gaulois ou d’un camp romain, mais rien ne le prouve; et la nature a assez multiplié partout les monticules pour que Monchaux ait pris son nom d’une de ces élévations du sol. Outre Monceaux, on trouve Mousselles ou Monselles. Ce dernier nom, gallo-romain, pourrait bien être formé de mons et du mot celtique el, eau, ce qui justifierait la situation de Montchaux sur une colline au près de la Bresle. Masseville écrit Mouceaux (2)

(1) Notice sur l’arrondissement de Neufchâtel, p. 67.
(2) Etat géographique de la province de Normandie, t. II, p. 565

« Philippe d’Artois, comte d’Eu et connétable de France, vers la fin du 14e siècle, fit construire le château-fort de Monchaux dont les ruines sont encore imposantes. Ce fut souvent la demeure de ce prince.
Charles d’Artois, comte d’Eu, aussi connétable de France, passa ses premières années, dit un historien, tantôt dans le château d’Eu, tantôt dans celui de Monchaux qui était alors une des plus fortes places du comté d’Eu.
En 1418, les anglais mirent garnison dans le château de Monchaux, et, de là, ils inquiétèrent les confins de la Picardie.
En 1428, Brunelai était gouverneur du château de Monchaux pour les anglais, son prédécesseur, aussi gouverneur pour les anglais, se nommait Dulin. Il fut tué à la bataille de Melun.
En 1432, Brunelai mourut. Les prisonniers français qui étaient dans le château de Monchaux s’en rendirent maîtres, après avoir égorgé la garnison.
En 1472, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, détruisit cette forteresse, de là il marcha sur Blangy et Neufchâtel.
Les fortifications de Monchaux étaient considérables.
« La terrasse qui les portait, dit M. Désiré Lebeuf, remarquable par son élévation, ne présente plus qu’un pan de pignon très épais et une tour dont le parement intérieur est conservé. Dans l’église, qui est au pied de ce monticule, la table sépulcrale d’un jeune prince et d’une princesse, et une verrière qui montre Charles d’Artois, Philippe de Bourgogne et Jean de Bourbon portant le dais dans une procession du Saint-Sacrement, sont les seuls monuments qui rappellent le séjour de ces princes à Monchaux.
Au temps de sa splendeur, le château de Monchaux était composé d’un gros donjon. Une porte de grès avec pont-levis, puis une allée de cinq à six perches, couverte d’un bon parapet, puis, une deuxième porte, aussi de grès, avec un pont dormant, y donnaient entrée. A ce donjon était annexée une grande basse-cour, close de murailles et de fossés, ayant de belles écuries qui furent vendues en 1848. A l’extrémité de cette basse-cour, existait une grosse tour de grès et de cailloux, par où l’on entrait dans la chênaie, garenne plantée sur la hauteur et formée de huit journaux. La ville de Monchaux qui avait ses maire et échevins, était » également fortifiée. Le duc de Guise donna même quatre acres de bois pour reconstruire les portes. C’est, aujourd’hui, un simple village qui ne se distingue plus des autres que par deux filatures et par les ruines de son château. La tour, où l’on ne pénètre qu’en rampant, les lianes et les cerisiers sauvages dont les racines vont cà et là, cherchant un peu de terre sur l’éboulement des murs, les murailles privées de leur parement, les pommiers de leur écorce, un sureau qui a jailli du pied d’une tour, des saules grises isolées, un vieil arbre soutenu par le flanc de la poterne, de mauvaises barres en bois qui empêchent les vaches de dérouler sur l’aspérité des ruines, un corbeau désailé, seul habitant de ces lieux, la roue en guise de barrière qui les clôt, tels sont les objets physiques qui se lient au souvenir de la douleur des veuves, de la bienfaisance, de la guerre, de l’amour et de la galanterie, car le duc de Bourbon fut » très-courtois, voire même adorateaur d’Isabeau de Bavière. »

Source Recherches …sur les possessions des Sires normands de Gournay, le Bray normand et le Bray picard et sur toutes les communes de l’arrondissement de Neufchâtel N.-R. Potin de La Mairie 1852

Châteaux de Monchaux reconstitué d’apres les restes par E Daliphard
Document provenant de la Bibliothèque Odette Cléré de Blangy sur bresle (Merci a Mlle Cathy Ollivier pour son autorisation de les utilisés )

 

M. de Bommy affirme que le château de Monchaux existait dès le vII° siècle. | Moyen âge. La tradition du pays prétend que Monchaux fut une ville close de murs. Ce
fut une châtellenie et un bourg industriel important.
Les restes du château sont encore imposants. De la pointe du coteau où ils sont assis ils dominent l’église et le bourg.Un fossé profond, coupure énorme, sépare l’enceinte du reste de la colline. Une motte gigantesque y indique la place de la tour du donjon, autour duquel on reconnaît encore des restes de murs et des tronçons de tours. En 1658, on voyait encore la porte d’entrée et les quatre tourelles fort hautes « basties de pierres de grez,» ainsi que la chapelle du château. Aujourd’hui on ne trouve plus que des caves, des souterrains, etc. de ce château que possédèrentles d’Artois, queprirent les Anglais du xIv°et duxv »siècle et que brûlèrent les Bourguignonsde 1472

Source: Répertoire archéologique du département de la Seine-Inférieure De Jean Benoît Désiré Cochet

Monchaux était tellement sur la limite du Ponthieu, et son châteaux joua un rôle si considérable dans l’histoire de cette province, qu’il nous a paru impossible de le passer sous silence. Cette forteresse, très considérable, existait déjà en 1190, et elle avait alors pour châtelain Robert de Merleville, Bailli du comté d’Eu. En 1411, Jean de Croy y fit prisonniers ll’s fils du due de Bourbon qui y résidaient. Elle fut une de celles que les Anglais occupèrent pendant Ie plus longtemps dans ce pays. Elle se rendit en 1418 aux Anglais qui y installèrent Philippe Lys pour capitaine. La même année, dans une escarmouche sous ses murs, Hector de Saveuse fut fait prisonnier par le capitaine Mauleyerer. En 1432, pendant une absence du gouverneur Brenelay, parti avec le due de Bedford au siège de Lagny-sur-Marne, les prisonniers Dauphinois qui étaient enfermes dans Monchaux se rendirent maitres de la garnison et appelèrent Rigaut de Fontaines qui était alors a Beauvais et qui vint les rejoindre avec quatre-vingt combattants. En 1434., Ie même Rigaut vendit pour de l’argent Monchaux a Louis de Luxembourg, évêque de Therouanne, et aux Anglais qui la démolirent « jacoit-il que ce fut la plus belle forteresse de toute la conte d’Eu. » (Monstrelet). Au XVle siècle les restes du château étaient encore fort imposants. Aujourd’hui on ne remarque plus qu’un pan de muraille et quelques vestiges des fossés

Source René de Belleval, Les Fiefs et les Seigneuries du Ponthieu et du Vimeu, Paris, 1870

Le raid sur Monchaux (Monstrelet) : «En ces mesmes jours, par le consentement dudit duc de Bourgongne, messire Jehan de Croy, filz premier né du seigneur de Croy, qui estoit encores prisonnier au duc d’Orléans, se parti de Paris, à tout huit cens combatans, et s’en ala au chastel de Moncheaulx en la conté d’Eu, dedens lequel estoient les enfans au duc de Bourbon et de la duchesse sa femme, c’estassavoir ung filz de trois ans ou environ, et une fille de son premier mary, aagé de neuf ans, avecques leurs nourrices et autres leurs serviteurs, et si y estoit le filz messire Mansart du Bois et le seigneur de Foulleuse, chevalier. Lesquelz, tous ensemble, furent prins dedens ledit chastel par ledit messire Jehan de Croy, lequel, avecques tous leurs biens, les amena ou chastel de Renti, et là les tint prisonniers jusques à ce que le seigneur de Crouy, son père, lui fut rendu. Laquelle prinse venue à la congnoissance dudit duc de Bourbon et la duchesse sa femme, en eurent au cuer très grant tristesse, et par espécial ladicte duchesse en fut si troublée qu’à peu près qu’elle ne mourut de dueil.»

Source Monstrelet Chronique 1400-1444 t.2 1858

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2 reflexions sur “Château de Monchaux-Soreng

  1. HEUX Francis

    Belle synthèse !

    J’ai lu que pour les comtes d’Eu le château de Monchaux c’était leur « plan B ».
    En cas d’invasion anglaise par la mer, le château d’Eu était très vulnérable.
    Bon, maintenant quand le château a été pris par les Anglais, l’argument ne valait plus grand chose…

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