UNE LÉGENDE NORMANDE

Un jour le roi Dagobert, chevauchant sur une route de Normandie, s’arrêta tout à coup devant un pommier d’une dimension pyramidale.

— Quel est le propriétaire de ce bel arbre dit-il à un garçon qu’il aperçut dans le champ voisin.

— Moi, sire, répondit l’heureux cultivateur.

— Eh bien, mon ami, ajouta le roi Dagobert, quand les pommes seront mûres, tu me feras le plaisir de m’en apporter deux.

—Volontiers, sire. Et le roi Dagobert disparut avec son escorte, laissant le paysan fort étonné de cette fantaisie princière, qu’il se promit bien néanmoins de satisfaire quand le moment serait venu.

Quelque temps après, dit l’événement, le Normand se présente au palais et demande à parler au roi.

Il est introduit.

— Que me veux-tu? dît le roi Dagobert à l’homme des champs.

— Sire, vous m’avez demandé deux pommes et je vous les apporte.

— Ah ! ah ! il parait que tu sais te souvenir.

— Oh ! je n’avais pas peur de manquer de mémoire en cette circonstance. Je craignais plutôt les vers et les oiseaux, qui dévorent les fleurs de nos arbres et détruisent nos récoltes;

— mais, Dieu merci! la pomme n’a pas manqué et voici l’échantillon que Votre Majesté désirait avoir de celles que devait me donner, l’arbre qu’elle a tant admiré.

Ce disant, notre homme mettait dans les.mains au roi Dagobert deux pommes qui certes auraient pu figurer avec honneur dans l’établissement d’un grand fournisseur de l’époque.

— Mais c’est qu’elles sont magnifiques ! s’exclama le bon Dagobert.

— Eh bien, mon ami, nous allons les manger ensemble ! Voici1, la mienne, dit-il, en plongeant ses incisives, dans celle qu’il tenait de la main droite.

Et, de la main gauche, il tendit l’autre à son commensal improvisé.

Le Normand tire un couteau de sa poche et se dispose à peler le fruit qui lui était échu.

— Mais fit le roi Dagobert, étonné de; ce soin qu’il n’avait pas cru devoir prendre, mes paysans seraient-ils plus délicats que leur maître ?

— Pardon ! sire, répliqua notre homme un peu confus… c’est qu’il en est tombé une dans….quelque chose que je n’ose pas nommer… et je ne sais pas laquelle.

La légende normande ne dit pas si le roi Dagobert acheva de manger sa pomme.

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Une réflexion au sujet de “UNE LÉGENDE NORMANDE

  1. HEUX Francis

    Puisqu’on en est aux histoires de pommes : la belle histoire de la « Collapuis » une pomme dont le soldat Nicolas Dupuis avait ramené un greffon de qq part ( je pense que c’était en Crimée) dans son sac de militaire. Vous savez la pomme dont les pépins font un bruit de grelot quand on la secoue. Et accessoirement une pomme qui se conserve tout l’hiver.

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