Avec l’aimable autorisation de Mr Georges Hirondel
Marius GROUT naquit à Fauville-en-Caux (Seine-Maritime – France) le 8 novembre 1903, dans cette modeste maison de briques rouges.
C’est là que son père, Émile avait commencé sa carrière de facteur-receveur.
Ses parents.
Très vite Émile Grout obtient sa première mutation pour Saint-Saire, petit village situé dans le Pays de Bray.
La poste de Saint-Saire
Emile Grout vaque à ses occupations professionnelles, violoniste confirmé il est sollicité dans les fêtes privées, baptêmes, communions, mariages, ses enfants l’accompagnent parfois et participent aux longs repas familiaux. Marius n’apprécie guère ces ripailles campagnardes ; elles furent cependant pour lui un remarquable observatoire social.
D’autre part, chaque semaine Émile, catholique pratiquant met à la disposition du curé ses talents de musicien et anime les cérémonies religieuses. Marius, là encore, suit son père et chante avec l’abbé Bertin. Très jeune, il est en contact fort avec l’Église catholique et s’initia très vite autant à la musique qu’à la doctrine religieuse.
De son côté, la mère de notre jeune écrivain, très pieuse, s’acquittait de ses tâches ménagères avec beaucoup d’amour, s’occupant à la perfection de ses trois enfants, en sachant créer à la maison une douce atmosphère dans laquelle le jeune Marius trouvait un précieux aliment.
La maison familiale des Grout à Saint-Saire.
Marius fit sa première communion à Saint-Saire (9 juin 1914). Il y fit aussi ses études primaires ; il était un élève brillant et consciencieux, de santé délicate, un peu myope, n’aimant pas les jeux violents, il était porté à la rêverie ; il se tenait volontiers à l’écart et se consacrait avec ardeur à ses devoirs scolaires.
L’instituteur Mr Thomas Henri conseilla donc à ses parents après son succès au certificat d’études primaires de l’envoyer au cours complémentaire de Neufchâtel-en-Bray, mais l’abbé Bertin avait lui aussi des vues sur le petit Marius. Tous le prédestinaient pour rentrer au Petit séminaire. C’est son père qui trancha : son fils irait au cours complémentaire de Neufchâtel.
L’école-mairie de Saint-Saire
1916 : Marius entre comme pensionnaire au cours complémentaire de Neufchâtel alors dirigé par Mr Leclerc. L’adaptation fut plutôt pénible, la séparation avec le cercle familial lui coûte beaucoup.
Mais malgré tout il participe aux activités de la classe et surtout continue de bien travailler. Il obtient son brevet élémentaire en juillet 1919.
1919 : Marius Grout se présente au concours d’admission à L’École normale d’instituteurs de Rouen. Il est reçu premier, la guerre est terminée. Des élèves et des enseignants ne sont pas rentrés.
La discipline est d’une rigueur quasi monacale. Marius évoque cette époque avec amertume dans son dernier roman Un Homme perdu, mais cela ne l’empêcha pas de passer avec succès son brevet supérieur.
l’École Normale d’Instituteurs de Rouen
Un voyage en Italie dont les sommets furent Venise et Milan marqua la fin de ses études à l’École normale. Évènement considérable pour lui ; c’était son premier grand voyage. Avec l’un de ses camarades de promotion G. Coulibeuf, il en fit un compte-rendu détaillé et enthousiaste dans le bulletin de l’Amicale.
Une année d’études complémentaires de lettres exclusivement, à l’École Normale de Rouen, lui permit de se présenter au concours d’entrée à l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Il échoua ce qui l’obligea -pour devenir professeur – à préparer une licence de lettres tout en exerçant ses fonctions d’instituteur.
À l’École normale de Rouen, il fit la connaissance d’un élève venu d’Alençon qui joua un rôle capital dans sa vie : Pierre Echard. Il subit son influence littéraire (avec lui il lut de nombreux auteurs parmi lesquels : Gide, Nietzsche, Guyau, Tagore et les poètes contemporains) et surtout son influence religieuse. Il s’en fit un ami d’une fidélité exceptionnelle.
1926 : Marius Grout est nommé instituteur adjoint délégué à l’École primaire supérieure de Château-Gontier (Mayenne) devenue depuis lycée Victor-Hugo. C’est son premier poste. D’emblée, il se révèle un enseignant de qualité exerçant une forte influence sur ses élèves et cherchant surtout à les initier réellement à la littérature et aux arts.
En mars 1926 il obtient un certificat de littérature française (Faculté de Rennes). Il part au régiment avec des idées plutôt pacifistes -la guerre de 14-18 et ses horreurs sont encore bien présentes dans les esprits-, il en revient « sans haine et sans rancœur ».
Entre temps le 11 septembre 1926 il épouse Mlle Henriette Echard, soeur de Pierre, institutrice et fille d’un sous-directeur des enfants assistés de la Seine. Elle a 21 ans.
Immédiatement après son service militaire -le 15 novembre 1926- il s’installe comme instituteur délégué à L’École primaire supérieure de Morlaix.
En 1926 il a 23 ans et commence à rédiger son journal sa « page quotidienne », comme il dit.
Le 1er octobre 1928, il prend ses fonctions comme instituteur délégué à Montivilliers (Seine-Maritime) se rapprochant ainsi de son pays d’origine.
Il se consacre avec passion et rigueur à son métier d’enseignant tout en préparant ses deux derniers certificats de licence : Histoire moderne et contemporaine et Philologie française, qu’il obtient à Paris respectivement en 1930 et 1931. Il est alors nommé professeur et c’est en tant que tel, à partir d’octobre 1931 qu’il poursuivra sa carrière.
Sa femme Henriette exerce à Montivilliers les fonctions d’institutrice. Leur enfant Michel nait en 1930.
En 1932, après avoir réfléchi longuement avant d’y adhérer, il rejoint les Quakers, bien qu’il exerçât son esprit critique à leur égard.
1933 : il est nommé professeur de lettres à l’École primaire supérieure du Havre au 1 rue Dicquemarre, il a 30 ans. En tant qu’enseignant, chacun se plaît à souligner ses éminentes qualités pédagogiques : clarté, méthode, discipline, ascendant sur ces élèves. Il est en outre très cultivé et a « le sens littéraire ». En classe, il critique sans aigreur, suggère sans appuyer, participe avec ses élèves à l’élaboration de textes. Il est d’un dévouement sans limites. C’est un excellent professeur.
Sa maison du Havre la rue Cassini vue du jardin
La tuberculose faisait à l’époque des ravages dans tous les milieux sociaux. Le 28 avril 1934, il perd sa soeur Yolande âgée de 25 ans. Ce fut pour lui un des premiers contacts avec la mort d’un être proche et très cher.
Comme écrivain il a progressé dans son art. Non seulement il continue de rédiger sa page quotidienne, mais il commence à publier : en 1935 et 1936 des « fragments » de son journal ; en 1937 Kagawa – la biographie d’un Gandhi japonais -. En 1938 Le Poète et le Saint, premier volet de son « art poétique » (ces publications sont assurées par la Société des Amis-Quakers) ; en 1939 une pièce de théâtre Le Déluge qu’il édite à ses frais. Ce sont là ses débuts.
Septembre 1938 : il écrit une lettre au commandant de recrutement pour demander une affectation dans un corps sanitaire. Et il attend patiemment les évènements.
Mais en août 1939, l’inquiétude succède à l’euphorie. Le 8 septembre il se prépare à partir. La mobilisation approche. Il essaye de voir le côté positif de cette épreuve. Il essaiera de lire chaque jour, de prendre des notes sur son carnet, de tout aimer et de tout comprendre.
Nommé infirmier, il fait connaissance avec les contraintes du métier, il souffre d’être séparé de sa femme Henriette et de son fils Michel, s’ennuie, se sent devenir quelqu’un d’autre, plus vrai peut être, s’étonnant toutefois de la manière originale que Dieu a d’influencer la vie de chacun.
Après ce temps d’épreuves et sans qu’il sache pourquoi, il est réformé, il revient au Havre où il retrouve sa famille. Dès mai 1940 commencent les bombardements qui feront du Havre une ville martyre.
C’est à Paris qu’il vivra la période de l’Occupation. Une vie certes sans bombardements, mais pleine pourtant de dangers et d’épreuves en même temps que de grandes satisfactions.
Parmi les satisfactions il faut placer ses succès littéraires. Ses œuvres sont acceptées par Gallimard qui, en 1942, publie son premier roman : Musique d’Avent ; en 1942 Le Vent se Lève ; en 1943 Passage de l’Homme (Prix Goncourt) ; en 1944 un recueil de poèmes et en 1945 son dernier roman Un Homme perdu. Après quoi les éditeurs se diversifient, sa carrière d’écrivain se développe brillamment.
Mais sur le plan personnel, Marius Grout connaît de cruelles épreuves. Le 24 novembre 1943 son épouse Henriette meurt à l’âge de 28 ans, il se retrouve alors seul avec son fils de 13 ans.
Le 16 décembre 1944, il se remarie ; la vie aurait pu reprendre son cours normal, mais dès le mois de février 1945, il se sent très fatigué et commence à solliciter des congés de maladie ; sa santé se dégrade, il s’agit d’une tumeur à la moelle épinière. Après une opération le 1er mai 1945, il part se reposer au » Moulin de la Ferrière » à Nocé dans l’Orne, chez l’un de ses très fidèles amis : Joseph Kreutz , et là se produit un léger mieux.
Mais ce mieux est de courte durée et Marius Grout est autorisé à prendre un congé de longue durée à partir d’octobre 1945. Sa femme se dépense sans compter auprès de lui ; il est opéré, mais l’opération – malgré une courte rémission – ne donne pas les résultats escomptés. Après de grandes souffrances, il meurt à Paris le 1er mai 1946. Un culte Quaker est célébré sur place puis une cérémonie du culte catholique. Il est inhumé à Incheville (Seine-Maritime) près de sa sœur Yolande.
Incheville. La maison de ses parents
La tombe de Marius Grout dans laquelle il repose aux côtés de sa sœur Yolande
Le Livre de pierre sur la tombe de Marius Grout
Remerciement a Georges Hirondel
son site internet ICI
son livre » Marius Grout aventurier de l’absolu «
Très intéressante biographie d’un auteur dont j’ignorais l’existence. Merci pour cela !
Mais par pitié, pourriez-vous corriger les fautes d’orthographe et de grammaire qui sont si nombreuses et inadmissibles ?
M.Marius GROUT a été, à Paris, professeur de Lettres à l’Ecole Supérieure Colbert dans le 10ème arrondissement de Paris devenu depuis le Lycée Colbert.