Les Métiers de la Forêt d’Eu  » Débardeurs et Rouliers « 

Le transport des grumes sur le chariot avec attelages de bœufs. Place de Bazinval, début du siècle.

 

Une fois débités, les arbres et les produits dérivés devaient être débardés et transportés :

Autrefois, les voies de communication étaient des plus mauvaises dans les forêts, et les moyens mécaniques bien restreints employés pour le chargement des grosses pièces. La grue, le cric, l’essieu courbe garni de sa vis, n’étant pas encore en usage, il fallait placer le chariot dans un défaut de terrain et amener l’arbre que l’on voulait charger sur un terrain qui le dominait, et là, au moyen de leviers et de traverses aboutissant à la voiture, on le hissait tant bien que mal, et souvent au péril de la vie des travailleurs, à la place qu’il devait occuper. Pour les grosses pièces travaillées sur place dans les ventes, on creusait une tranchée sous l’arbre, et un des ouvriers scieurs de long y descendait pour tirer la scie. C’était un sérieux obstacle à l’écoulement des produits forestiers, souvent il fallait suivre de longs chemins creux et des plus accidentés. “(D. Dergny : “Le Pays de Bray” 1870 Tome I p 47)

L’acheminement des différents produits de la forêt bénéficiait d’une main d’œuvre importante, stratégiquement indispensable pour l’économie rurale ; J.A. De Lerue dans son “Histoire de la ville de Blangy sur Bresle”, 1860 indique que “l’exploitation et le charriage des bois emploient ordinairement 25 voitures et 40 à 50 personnes”.

Jusqu’à l’aube du premier conflit mondial, à l’aide de crochets, de toume-billes, et tour-ne-bois les grumes étaient hissées sur des charrettes tirées par des bœufs, qui les emportaient sur les lieux de transformation. A noter que la carence de chevaux, réquisitionnés lors de la guerre 1939-45, suscita certains professionnels au retour à ce type de locomotion (photo n°l).

Durant l’entre deux-guerre la majorité du transport s’effectuait à l’aide de chevaux ; les grumes étaient sorties des coupes, et entreposées au bord des chemins de vidange (laies, allées centrales). Les troncs étaient alors arrimés à une sorte d’attelage, le “diable” et le “binard” tirés par les animaux, (photo n°2)

L’enlèvement des gros arbres créait de véritables fondrières. Ces charrieurs de troncs, lorsqu’ils étaient embourbés, comblaient les trous à l’aide de bûches, de “cotrets”, de “bourrées” et passaient s’ils pouvaient.

Le transport des autres productions (fagots, cotrets, copeaux, bois de mine, traverses …) étaient bien souvent effectuées en charrette, par des paysans à l’affût d’un gagne-pain supplémentaire (photo n°3).

L’acheminement du bois s’est profondément transformé avec l’apparition d’engins militaires transformés pour la circonstance, puis par des tracteurs débardeurs, et des grues hydrauliques montées sur des semi-automoteur qui ont permit de meilleures conditions de travail.

 

Un transport de grumes avec diable et binard. Bazinval, années 20.

 

 

Association découverte environnement val de Bresle

 

 

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