Le mot d’Odette Cléré 2015

Ne l’oubliez pas !

Il y a 82 ans (1), de nombreux soldats Gabonais prirent part aux combats de la Somme, mais furent vaincus et faits prisonniers. Parmi eux, un officier, le Capitaine N’TCHORERE lâchement abattu. Aussi, ceux qui n’étaient pas capturés, craignant le traitement qui leur serait réservé, s’enfuirent dans les bois et les marais, se cachant le jour dans les terriers des animaux, sortant la nuit pour chercher de la nourriture ou s’éloigner de cette zone dangereuse.

A Blangy, les habitants des «Neufchâteaux» mettaient leurs restes de nourriture au fond de leurs jardins si proches des marais de Bouttencourt, bien utiles à ces affamés. L’un deux pour des raisons que l’on ignore, ne rejoint pas sa cachette et se blottit dans la roue du Moulin de Penthiève occupé par Madame et Monsieur VINCEY, tout à fait étrangés à ce récit.

Le malheur c’est qu’un soldat Allemand passa sur la route qui longe la fameuse roue. Il fit descendre son occupant qui voulut combattre. Il n’en eut pas le temps. Une balle de révolver l’abattit. Mort sur le coup. Pour l’Allemand, ce n’était pas suffisant.

Etait-ce possible ?
Oui, car il enleva la plaque d’identité et la jeta dans la Bresle. Ce n’était plus un simple mort qui était là, mais un inconnu que nul ne pourrait retrouver.
Il fut enterré en bordure de route, mais la Municipalité le transféra au cimetière juste derrière les soldats de 1914, tombe qui fut toujours fleurie.
A la fin des années 60, l’organisation militaire décida de le transférer dans un cimetière militaire où là, il repose vraiment inconnu, sans passé, sans histoire.
Son souvenir est peut-être encore dans la mémoire de quelques «vieux Blangeois» qui disparaitront un jour.
On peut espérer que d’ici quelques décennies, ces lignes tombent sous les yeux d’un historien qui les intégrera dans une plus large histoire.

Il existe un autre scénario :
sur la plaque d’identité pouvait être inscrit un nom qu’il fallait cacher. Celui du fils du Capitaine N’TCHORERE vainement recherché parmi les prisonniers et les morts. En la détruisant, on ne le retrouverait jamais et le mystère resterait total.

(1) j’ai changé les années le texte est de 2015

 

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