La conjuration menée par Georges Cadoudal 4

 

Georges Cadoudal débarque à Biville-sur-Mer

 

14 Le 16 Messidor de l’An XI (5 juillet 1803), Napoléon Bonaparte ordonne à Louis-Alexandre Berthier (1753-1815), Ministre de la Guerre, d’écrire au général Louis Le Blond de Saint-Hilaire (1766-1809), qui commandait alors à Rouen la 15e Division Militaire, « de bien garder les côtes, surtout du côté du Tréport et de Cayeux ». Sage précaution : au cours de la nuit du 25 aux 26 Thermidor de l’An XI (13 au 14 août 1803), deux bateaux pêcheurs du Tréport sont arrêtés devant la vigie de Penly par une péniche anglaise qui se tenait juste sous la falaise. Les deux maîtres de bateau Jean Thomas Verger (1764-1820) et Laurent Décorde (1766-1845) sont alors conduits à bord d’une corvette anglaise où ils sont interrogés ; l’intention secrète de l’ennemi est sans doute de se procurer des renseignements sur la situation de la côte et sur les mouvements de l’intérieur.

 

Deux bateaux arrêtés

 

Dans un compte-rendu adressé au Préfet de la Somme, le Maire de Cayeux-sur-Mer confirme la communication de deux bateaux du Tréport avec une corvette anglaise le 26 Thermidor ; il s’agit bien des deux bateaux pêcheurs qui ont été arrêtés la nuit précédente et qui sont relâchés le 26 vers midi par le travers de l’anse du Bourg d’Ault, avec le conseil de fuir les autres croiseurs anglais. Aussi, pour avoir communiqué avec l’ennemi, les rôles d’équipage sont retirés à Décorde et Verger, mesure qui pourrait peut-être les engager à naviguer dans les limites autorisées avec circonspection et rendre aussi les autres pêcheurs plus prudents. Mais les rades et le littoral normand sont au pouvoir des Anglais. Ainsi, le dimanche, 3 Fructidor de l’An XI (21 août 1803), dans une atmosphère chaude et orageuse, à l’approche de la nuit vers 20 heures, se dessinent deux silhouettes sur le bord de la falaise de Biville-sur-Mer à proximité de la « Corde des Contrebandiers » : il s’agit d’un jeune paysan de Penly nommé Pageot et d’un vieux matelot de Biville nommé Horné. Ils sont bientôt rejoints par Marianne Mons de Berneval.

 

Un signal convenu

 

Dans la nuit sombre, l’œil avisé d’Horné distingue un navire : Marianne Mons allume une lanterne tandis qu’Horné se laisse glisser le long de la corde jusqu’au pied de la falaise. Marianne Mons, debout sur la falaise, envoie alors le signal convenu soit trois éclats successifs : une vive lueur lui répond à bord du brick anglais « Vincejo » commandé par le capitaine John Wesley Wright. Au pied de la falaise, Horné voit bientôt une chaloupe se présenter et toucher terre. Huit hommes en débarquent promptement et l’attention d’Horné se porte immédiatement sur un homme de forte corpulence, aux épaules larges et d’une taille au-dessus de la moyenne, qui semble être le chef : il s’agit de Georges Cadoudal (1771-1804), « révolutionnaire » devenu « chouan », acteur incontournable des guerres de Vendée et généralissime de l’Armée catholique et royale de Bretagne ; de retour en France, il ne poursuit qu’un seul but : remettre un Bourbon sur le trône de France.
Il est accompagné entre autres d’un chirurgien de marine Jean-Pierre Quérelle et de Gaston Troche (1781-1823), fils de Michel Joseph Pierre Troche que nous avons déjà rencontré précédemment dans l’affaire du bois de Cise… Son père, qui a déjà perdu un fils à la guerre, l’avait envoyé en Angleterre afin de le soustraire à la conscription et de parfaire son instruction d’horloger ; c’est là que Georges Cadoudal avait recruté Gaston Troche en qualité de guide pour sa bonne connaissance de notre région. Horné, ancien matelot, dans l’indigence, conduit les conjurés vers sa chaumière à Biville où les attendent son épouse Françoise Flouest et sa fille Marie-Anne, âgée de quinze ans ; elles ont, pour quelques pièces d’or, préparé un copieux souper. Le dîner terminé et guidé par Gaston Troche, les conjurés se fondent dans l’obscurité en direction de Guilmécourt où ils passeront la nuit chez le fermier Pajot. Le lendemain soir, à la tombée de la nuit, traversant la vallée de l’ Yères, ils gagnent la ferme de la Poterie à Saint-Pierre-en-Val. Ils sont accueillis par un cousin des Troche, Pierre Detrimont, laboureur d’une vingtaine d’années.

 

(à suivre)

 

Article de Jérôme Maes

Articles de Jérôme Maes pour Le Tréport Magazine consultable sur le site de la ville du Tréport

Remerciement à Mr Maes et a la mairie du Tréport

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