Incheville La libération le 1er septembre 1944

Ginette Gris et Germaine Bourgeois,a la libération,entourées de soldats Canadiens.

 

Séverine Guillerme, conseillère municipale, a rencontrer Jacqueline et Jeanne, deux femmes qui se souviennent très bien de la Libération à Incheville.

Âgée de 16 ans à la libération, Jacqueline habitait prés de l’hôtel du commerce. Elle se souvient bien des Canadiens qui sont entrés dans Incheville en char par la rue Pasteur. Les habitants ont su que les Alliés n’étaient pas loin. Des résistants se sont fait tuer par les Allemands lorsqu’ils sont allés vers Beauchamps.
Les chars canadiens ont traversé le village et sont remontés par la côte de Dargnies.
Les Allemands n’avaient plus rien à perdre, ils ont lancé des mortiers depuis Dargnies et ont tués plusieurs habitants. Les familles Baillé et Comor ont été durement touchées.
Le danger a duré deux à trois jours. La libération a été déclarée officiellement le 1er septembre 1944. Le souvenir le plus marquant de Jacqueline est la joie
ressentie au moment de la libération. Les habitants ont cru que cela n’arriverait jamais.
Jacqueline a été marquée durant l’occupation par la restriction alimentaire, il fallait des tickets pour l’alimentation, c’est le manque qui a été le plus difficile a supporter. Les couvre-feux rythmaient les journées L’entraide était de rigueur. Les cultivateurs donnaient de la nourriture aux habitants.
Jacqueline partait régulièrement sur sa bicyclette pour aller au ravitaillement. Elle ramenait notamment du blé pour faire du pain.
Les bombardements sur la sucrerie de Beauchamps et sur l’usine Maillard ont marqué Jacqueline.
Elle ne pourra pas oublier non plus, l’installation a Breuilly de la rampe de lancement des avions sans pilote V1 Les Allemands n’en étaient qu’au stade expérimental, beaucoup d’explosions sur place et même un V1 qui a traversé une maison dans le centre d’Incheville. Par peur des explosions, beaucoup d’habitants dormaient dans les caves des usines pour se protéger.
Au début de la guerre en 1940, de nombreux Inchevillois ont quitté le village pour se mettre en sécurité. A leur retour, après quelques mois d’absence, Ils ont retrouvé leurs maisons saccagées et criblées de balles, ce furent des moments douloureux pour beaucoup d’entre eux.

 

Les Cannadiens entrant dans Incheville

 

Jeanne est arrivée â Incheville en 1936.
Au début de la guerre, en 1940, elle a dû partir à Guerville au même moment où son père était mobilisé. Vivre à Incheville était devenu trop dangereux.
Elle est donc partie sur la mute en vélo avec sa maman. Elles sont allées jusqu’à Vannes. Sur le trajet, elles ont été hébergées par des amis et elles se sont également abritées dans des cabanons de fortune.
Elles ont vécu en foyer dans le Morbihan de mal à août 1940.
Le retour à Incheville s’est fait en train. Jeanne était accompagnée de ses parents. Après plusieurs mois d’évacuation, la famille est rentrée â son domicile. Ils ont découvert une maison saccagée et pillée durant leur absence. Ils sont restés à Incheville pendant l’occupation.
Cette période a été difficile, il y avait peu de choses pour vivre. Jeanne se souvient aussi des V1 qui étaient lâchés depuis Breuilly. Certains explosaient juste après avoir été lancés, l’un d’entre eux a même traversé une habitation inchevilloise. c’est un souvenir qui a vraiment marqué les esprits.
A cette êpoque, les cultivateurs ont été réquisitionnés pour effectuer le transport des munitions allemandes dans la forêt.
Durant l’occupation, la famille de Jeanne a été obligée d’héberger des soldats allemands dans des chambres inoccupées.
Les enfants d’Incheville ont continué â aller à l’école.
Les cours se déroulaient a la mairie, L’instituteur était monsieur Gros. Jeanne a passé son certificat d’études le 6 juin 1944. Elle a passé uniquement les épreuves écrites le matin car l’après-midi il y a eu un affrontement entre les Allemands et les Canadiens. Même si les élèves n’ont pas pu passer les épreuves orales, vu les circonstances, ils ont quand méme obtenu la validation de l’examen.
Jeanne se souvient d’un après-midi où elle se baignait avec ses camarades l’étang. Un train transportant des munitions est arrivé, ils se sont vite cachés dans les fossés pour ne pas étre repérés.
Jeanne a senti un projectile qui l’a frôlée arrachant son tablier. Ce projectile était en fait un boulon qui tenait une porte d’un wagon. Elle a eu la chance de ne pas être blessée et a longtemps gardé ce boulon pour se souvenir de ce moment qui a marqué son enfance.
Le jour de la libération le 1″ septembre 1944, Jeanne n’est pas descendue dans le village. Mais d’autres habitants sont sortis de leurs abris pensant que les combats étaient terminés. Malheureusement, neuf personnes ont été tuées par un obus lâché par les Allemands depuis la côte de Dargnies.
L’arrivée des canadiens a rendu les allemands très violents et ils n’avaient plus a perdre.
Jeanne se rappelle que le massacre a profondément touché la population inchevilloise et que l’envie de fêter la libération n’y était plus …

Sources: L’Avenir Inchevillois juillet 2012
Avec l’aimable autorisation de la mairie d’Incheville

 

AUZOU Maurice, Lucien

Né le 6 juillet 1917 à Monchaux-Soreng (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort en action le 1er septembre 1944 à Incheville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; cheminot ; résistant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Maurice Auzou entra au chemin de fer et exerçait le métier de cantonnier auxiliaire au service Voie et Bâtiments à Incheville, près du Tréport où il était domicilié.
Il entra dans la Résistance le 1er août 1944 en rejoignant les FFI pour participer aux combats de la Libération. Il était membre de la section de Guerville sous les ordres du capitaine Albert Doucet. Le 1er septembre 1944, lors des combats pour la libération d’Incheville, il tomba au cours d’une action destinée à capturer trois soldats allemands, touché par une grenade ou une balle. Son corps ne sera retrouvé que trois jours jours plus tard après la bataille.
Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué comme soldat des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Son nom figure sur le monument aux morts, à Incheville, la plaque commémorative de la SNCF en gare du Tréport-Mers-les-Bains, à Le Tréport (Seine-Maritime) et sur la plaque commémorative, à Beauchamps (Somme).

SOURCES : dossiers SHD 24230 et AC 21 P 10894 (non consultés).— Notice sans auteur dans le Mémorial des Cheminots victimes de la répression 1940-1945 sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF Paris, 2017 pages 1521.— Mémorial Genweb.

Maitron Fusillés  Jean-Louis Ponnavoy

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