Pélerinage de Mesnières-en-Bray à Blangy-sur-Bresle

Pèlerinage de Notre-Dame de Blangy.

Ce pèlerinage existait des le XVI siècle car on lit, dans les archives de la fabrique de Mesnieres, cette dépense du mois de juin 1582 « Pour la collecte du cierge Notre- Dame de Blangy cueilly tant à Mesnières qu’au dict Blangy quatre livres douze sols six deniers. » Ce pèlerinage a été institué pour invoquer la miséricorde divine en faveur des habitants de la paroisse contre lesquels sévissait une épidémie pestilentielle qui attaquait également les animaux . Ce fut pour conjurer ce fléau qu’ils se rendirent en pèlerinage à Blangy , à une distance de sept lieues .
Alors, le pèlerinage se faisait à pied, et la procession s’arrêtait aux Sept – Acres, à trois quarts de lieue de Blangy, où les habitants de ce bourg apportaient quelques rafraichissements aux pèlerins , fatigués d’une aussi longue course . La procession de Blangy arrivait en même temps,elle se réunissait à celle de Mesnières, et le cortège se remettait en marche.

Aujourd’hui, le pèlerinage se fait avec beaucoup moins de fatigue. Le lundi de la Pentecôte , à sept heures du matin, on se réunit à l’église de Mesnières, où l’on chante la messe du jour ( 1 ) . Ensuite on chante le Regina cæli et le Veni creator , pendant lequel on se met en marche vers le calvaire , où la procession se disperse (2) , et chacun prend la voie et les moyens qui lui conviennent pour se rendre au hameau de Boiteaumesnil ( 3) , où les pèlerins se réunissent à six heures du soir. Alors le clergé se revêt de ses habits de chœur ; chacun secoue la poussière de ses vêtements ; les bannières se déploient ; et, précédée de la croix , la procession s’avance dans un ordre parfait , tandis que la procession de Blangy, avertie par un envoyé ad hoc, vient à sa rencontre plus ou moins loin ,selon le bon plaisir du doyen . Durant ce trajet,on chante vepres et complies, qu’on termine à l’église, tandis que toutes les cloches font entendre leurs sons joyeux. Après les complies,on fait le salut , précédé du répoos Benedicla ,pendant lequel on fait la procession à l’intérieur de l’église, et le célébrant asperge le peuple.

L’office terminé, chacun  se retire et cherche un gite pour passer la nuit ; mais, après leur repas,un assez grand nombre de pèlerins viennent faire une prière, à la porte de l’église, avant de se coucher.

Le lendemain matin, à six heures, M. le curé de Blangy ou son vicaire chante la messe à l’autel Saint- Denis pour la confrérie de la charité de Mesnières ; pendant cette messe , les frères font une quête dont le produit sert à payer les chantres de Blangy qui sont présents. Autrefois, on ajoutait à celle quête une rente de six livres dis, sols, due au moment de la révolution par Marc Lesueur.

A huit heures , M. le curé de Mesnières chante la messe pour ses paroissiens, et ensuite la procession se met en marche en chantant le Te Deum, accompagnée du clergé de Blangy. A la fin du Te Deum, la procession est rompue ; les adieux se font, et les habitants de Mesnières se donnent rendez- vous au calvaire de leur paroisse pour six heures du soir. Là , on se remet en procession , et l’on se dirige vers l’église en chantant les vêpres ; puis l’on termine par une procession intérieure, suivie du salut.

Le lendemain, à sept heures, on chante une messe d’action de grâces . Un imprimé de huit pages, dont l’auteur était évidemment illettré,contient certaines prières relatives au pèlerinage de N6D de Blangy. Il nous apprend en outre que ce pèlerinage n’a cessé qu’en 1794, pour être relevé en 1795, par l’auteur de la brochure, Marc Lesueur, cordonnier à Mesnières. Mais il est évident que, à cette époque, le pèlerinage n’avait pas lieu avec procession . C’eût été ua crime digne de mort, aux yeux de la démagogie qui pesait alors sur la France.

( 1 ) Avant l’introduction de la liturgie romaine, on chantait une messe votive de la Sainte Vierge , en l’honneur de laquelle avait lieu le pèlerinage .

( 2) Avant l’érection de ce calvaire, en 1863, la procession allait jusqu’au cimetière ; antérieurement, jusqu’au pavillon du château ; avant 1825 , jusqu’à la Fosse violette, près de la ferme de l’Eperonde.

(3) Le point de réunion a cessé d’être aux Sept-Acres, depuis longtemps déjà , à cause d’une assemblée qui s’y tient dans l’après-midi. Autrefois, à l’approche de la procession , les danses étaient interrompues et ne recommençaient qu’après son départ ; mais peu à peu cette marque de déférence a disparu ; les esprits forts du bastringue ont fini par insulter les pieux pèlerins  qui troublaient leurs plaisirs , et l’itinéraire de la procession a dû être changé.

J.-E. DECORDE. 1867

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