Blangy-sur-Bresle — La Rue de Barbentane et Barbentane La rue de Blangy-sur-Bresle

Dans le centre de Blangy-sur-Bresle, une rue porte le nom de Barbentane tous comme à Barbentane (située dans le département des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.) une rue porte le nom de Blangy-sur-Bresle.
Il faut remonter dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, pour comprendre l’origine du rapprochement de ces deux villes.

 

En 1939, la guerre est déclarée. Dès 1940, les troupes allemandes envahissent la France. Le 24 mai débute la bataille d’Abbeville. La Somme est une nouvelle fois le théâtre d’une bataille, la vallée de la Bresle reprend son rôle de ligne arrière. Le 27e GRDI puis le 6th Royal Scots Fusiliers sont postés à Blangy, à Gamaches et au Tréport pour garder les principaux points de passage du fleuve. Une conférence entre les commandants d’unités se tient le 27 mai dans la ville pour décider de la marche à suivre pour le reste de la bataille. Les assauts sont couteux en hommes et en matériel pour les Alliés, et la 1st Armoured Division fortement diminuée est mise en retrait du front au sud de la Bresle. La bataille prendra fin le 4 juin. Dès le lendemain, les troupes allemandes lancent la deuxième phase de leur plan d’invasion et franchissent la Somme. Ils atteignent Blangy le 7 juin 1940 où s’engagent des combats. Ils y incendient l’église qui venait d’être restaurée (inaugurée en 1935) de même que de nombreuses habitations de la ville. Deux plaques situées à l’entrée de l’église témoignent de ces évènements.

wikipedia

 

Deux plaques situées à l’entrée de l’église témoignent de ces évènements.

 

Blangy-sur-Bresle après les Bombardements

 

Les pertes humaines et matérielles sont énormes, mais les habitants de Blangy-sur-Bresle ne se laissent pas aller aux désespoirs !
Après avoir déblayé les gravats des maisons en ruine, on s’organise, la mairie détruite et transférer dans l’école des fille rue Saint-Denis, la gendarmerie elle s’installe dans le château de Gremontmesnil, pour reloger les habitants, on installe des baraquements dans la ville.
Les années passent jusqu’en 1943 années où la ville de Barbentane décide d’adopter Blangy-sur-Bresle.
L’Action française, 28 août 1943
La ville de Barbentane a décidé en son Conseil municipal du 10 avril 1943, présidé par Louis Lambert(1), de faire un geste de générosité. Celui d’aider d’autres Français dans une plus grande panade encore. Aussitôt, une souscription est lancée et avec une généreuse subvention municipale, la coquète somme de 242 000 F (valeur 1940) est réunie. Cela lui a permis de donner 1 016 F par foyer blangeois (soit 500 € environ).
(1) En avril 1943, Louis Lambert (1900-1976) est premier adjoint faisant office de maire. Il ne sera désigné maire qu’en décembre 1943.
Guy Fluchere
20 ans après les Bombardements,20 ans de reconstruction, la ville est métamorphosés de nouvelles rues fur crée et d’autre détruite, le 25 septembre 1960 Blangy-sur-Bresle inaugure 2 nouveaux bâtiments (l’Hotel-de-Ville et le groupe scolaire) la pose de la première pierre du bâtiment des Pompiers et surtout l’inauguration de la rue de Barbentane, en remerciement de leurs soutiens pendant la guerre.
Inauguration officielle dimanche 25 septembre 1960
Le réveil de Neufchatel-en-Bray Mercredi 26 septembre 1960
Le réveil de Neufchatel-en-Bray Mercredi 26 septembre 1960
Le réveil de Neufchatel-en-Bray Mercredi 26 septembre 1960
Photo Guy Fluchere

Donc, maintenant, nous connaissons l’histoire de la rue de Barbentane à Blangy-sur-Bresle, mais pas celle de Blangy-sur-Bresle a Barbentane, j’ai donc contacté la mairie de Barbentane pour glaner des informations et bouclé la boucle.
Je fus mi en relation avec Guy Fluchere historien de Barbentane, qui en plus de ma demande de documents, a tenu à écrire un texte sur l’histoire des rues.
C’est lui qui me fournit la photo ou M. Jean Bruyère coupa le ruban tricolore.

Je vous laisse découvrir son texte ci-dessous.

Destin croisé de Barbentane (Bouches-du-Rhône)
et de Blangy-sur-Bresle (Seine-Maritime)

Ce récit de rues croisées dans nos villages respectifs demande quelques légitimes explications. Comme cette saga est récente, du moins du point de vue historique, je vais tenter tout en faisant simple, de l’enjoliver assez pour la transformer en un joli récit. Une petite légende bien de chez nous, une de celle que Marcel Pagnol ne pourrait renier, une aux coins arrondis pour lui permettre de se glisser partout, à la veillée, dans toutes les maisons autant Blésoises que Barbentanaises.
Ainsi que tout le monde le sait, au printemps 1940 les troupes de notre voisin à croix gammées ont mis une sérieuse dérouillée aux glorieuses armées franco-anglaise. Il est maintenant admis que les formations militaires françaises de l’époque étaient plus faites pour remplir les casemates imprenables de la ligne Maginot que de se battre à arme égale avec les troupes chenillées teutoniques. Il est tout aussi vrai que nos responsables politiques, tout comme nos états-majors stratégiques, étaient alors plus préoccupés d’arriver les premiers à Bordeaux que de venir sur le front soutenir et commander des millions de nos soldats désemparés. Après avoir été laissés en plan par les Anglais sur les côtes de la Manche, nos trouffions se sont alors rapidement retrouvés dans les stalags prussiens où ce n’était vraiment pas la joie des grandes vacances.
Dans la bataille dite d’Abbeville, les panzers du général Erich von Manstein ont littéralement écrasé le village de Blangy-sur-Bresle. Au bilan, cela a donné 255 maisons détruites et 61 autres endommagées sur les 424 qu’elle comptait (75 %). Détruisant par la même occasion toute son histoire,et laissant sur place assez de trépassés pour remplir une partie de son cimetière.
Malgré ces temps sombres, celui des restrictions, celui des mauvaises nouvelles de la guerre, celui de la cruelle absence de ses prisonniers jamais oubliés… la toujours humaine communauté de Barbentane a décidé en son Conseil municipal du 10 avril 1943, présidé par Louis Lambert(1), de faire un geste de générosité. Celui d’aider d’autres Français dans une plus grande panade encore. Aussitôt, une souscription est lancée et avec une généreuse subvention municipale, la coquète somme de 242 000 F (valeur 1940) est réunie. Cela lui a permis de donner 1 016 F par foyer blangeois (soit 500 € environ).
Il aura fallu pas moins de vingt ans aux courageux Blangeoises et Blangeois pour reconstruire leur village. Alors pour en perpétuer le souvenir et exprimer sa gratitude pour la solidarité dont avait fait preuve en leur temps les Barbentanais, le conseil municipal de Blangy-sur-Bresle, reconnaissant, décida de donner le nom de « rue de Barbentane » à une voie située au cœur de leur nouvelle cité reconstruite. Le 25 septembre 1960, accompagné de M. Denys-Marie Turrier, secrétaire général de mairie honoraire, correspond du journal Le Provençal et de M. Fernand Plumeau, adjoint représentant le maire, M. Jean Bruyère coupa le ruban tricolore qui barrait symboliquement cette nouvelle rue.
L’histoire aurait pu s’arrêter là et sombrer dans les oubliettes, cela arrive fréquemment. Que voulez-vous, sans les passionnés amateurs de petites légendes le temps s’évapore vite. Surtout avec la chape de plomb qui, aujourd’hui encore, noircit toujours les années obscures de la France durant la deuxième guerre mondiale.
Mais, comme pour lancer un défi à l’oubli, Cupidon s’en est mêlé !!! Une adorable amourette, comme dans un feu d’artifice, a fait rejaillir ce passé récent dans une gerbe de merveilleuses d’étincelles.
Un Barbentanais(2) qui s’était éloigné un temps de ses racines s’enquit un jour de conter fleurette à une belle Dame rencontrée dans la région parisienne. Comme vous le savez, en ce lieu où la Marne rejoint la Seine, ne résident des ‘étrangers’ du pays. Notre galant n’était pas n’importe qui, puisque c’était le fils de notre ancien maître de musique à la baquette tout aussi empreinte d’envolées lyriques que de traits de Jupiter pour ceux qui ne respectaient pas la note. Or, quand un amour s’accroche, vous savez ce que c’est, on commence toujours dans l’innocence, puis de tendres bisous en baisers passionnés, on s’aventure forcément un jour chez ses futurs beaux-parents. Qu’elle ne fut pas la surprise de notre chéri qui, par un soir d’affectueuse évasion romantique, tombe nez à nez, pour ne pas dire sur ses fesses, devant une rue dite « de Barbentane » à Blangy-sur-Bresle d’où était originaire sa Belle. Comme quoi, l’Histoire ne s’efface jamais.
Après s’être fait conter le pourquoi de cette rue dans ce village normand, après avoir aussi dérangé le maire puis le curé, nos tourtereaux maintenant mariés sont venus s’installer à Barbentane. Quand on est né, ou même vécu un court temps, dans le plus beau village de l’Univers, on ne peut décemment jamais plus le snober.
Hélas pour eux, ils se sont établis sur un des plus mauvais coins du village. Une ancienne déchetterie de plusieurs siècles appelé Les Graves, au sol mouvant, ce qui pour des maisons en dur occasionne toujours bien des désagréments. Logiquement, comme il avait hérité de son père, ces ennuis amenaient souvent notre homme à pousser de grands coups de gueule à la mairie qu’il tenait pour responsable de ses misères.
Comme la rue de Barbentane normande ne pouvait décemment pas rester célibataire, il lui fallait à elle aussi de belles épousailles. C’est donc logiquement qu’un jour, des années après, sous la mandature d’Yves Montlahuc (1989-1995), que dans le nouveau lotissement dit de L’Auriol-Mouroumiou(3) une rue de Blangy-sur-Bresle fut créée. Tout près de l’endroit où s’étaient installés nos nòvi(4).
Voilà mes amis, la véritable histoire locales des destins croisés de Barbentane et de Blangy-sur-Bresle que, comme toujours, je me suis fait un grand plaisir à vous raconter.
Guy Mai 2023.

 

(1) En avril 1943, Louis Lambert (1900-1976) est premier adjoint faisant office de maire. Il ne sera désigné maire qu’en décembre 1943.

 

(2) Il s’agit de Jean-Louis Michel (1922-2011), fils de Léopold Michel (1895-1976) et de Lucie Janin (1896-1992), époux de Monique Lallot (possible toujours vivante, en 2016 elle habitait à Paris).

 

(3) Il est grandement possible que ce nom soit celui d’un ancien petit ruisseau (souvent dit auriol) qui coulait en cet endroit avec une coloration sombre (noir se dit aussi ‘maure’ en provençal).

 

(4) Nòvi : nuptial en Français. En langue Provençale c’est le nom qu’on donne aux jeunes mariés. Mais comme le Provençal est une langue très imagée cela veut dire aussi : nouveau, neuf, etc. Je vous laisse deviner tous les autres sous-entendus possibles là-dessus.

 

A noter :
Il y a aussi une rue de Barbentane à Saillon (Valais, Suisse) ville jumelée avec Barbentane et bien sûr une rue de Saillon à Barbentane.
Il y a aussi une rue de Barbentane à Mâcon (Saône-et-Loire, 70).

 

Bibliographie :
Du Haut de la Tour (journal municipal de Barbentane) n°43 d’octobre 2002.

J’espère de tout cœur que c’est deux municipalités sont toujours en contact aujourd’hui et que cette histoire n’est pas tombé dans l’oubli comme beaucoup d’autre de ces sombres années.
Rue Barbentane 1960 (collection personnelle)
Rue Barbentane 1960 (collection personnelle)
Rue Blangy-sur-Bresle a Barbentane
Rue Blangy-sur-Bresle a Barbentane
Remerciments
David Benoit et Guy Fluchere
La mairie de Barbentane
Le Musée du verre de Blangy-sur-Bresle
Le Réveil de Neufchatel-en-Bray
Share Button

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *